Le gouvernement a annoncé ce mardi une revalorisation des salaires dans la fonction publique légèrement supérieure aux propositions initiales, mais inférieure aux attentes des syndicats et à l’inflation. Le coût de la mesure s’élève à 7,5 milliards d’euros.
Une revalorisation de 3,5 % pour l’indice des traitements de la fonction publique . C’est ce qu’a annoncé le gouvernement aux partenaires sociaux, en ouverture d’une conférence sociale, ce mardi matin.

Cette revalorisation serait légèrement supérieure à la fourchette évoquée initialement par le cabinet de Stanislas Guerini, le nouveau ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, qui allait de 1,5 % et 3 %. Elle demeurerait néanmoins inférieure à l’inflation, attendue à 5,5 % pour l’ensemble de l’année 2022 , avec des pointes attendues entre 6,5 % et 7 % en septembre, selon l’Insee.
Pour rappel :
Qu’est-ce que le point d’indice ?
Le point d’indice sert à calculer le salaire brut d’un fonctionnaire. Son traitement mensuel est ainsi calculé en multipliant la valeur du point d’indice par l’indice majoré propre à chaque fonctionnaire et défini en fonction de son échelon, son grade, son cadre d’emploi et son ancienneté (indice qui apparaît en haut de la fiche de paye).
Calculez votre traitement mensuel brut (rémunération principale hors primes)
La valeur du point d’indice s’élève à 4.68602 € depuis le 1er février 2017 et donc avec cette augmentation de 3,5%, cette valeur passe à 4,849 € au 1er juillet 2022.
Sur les payes d’août (rétroactivité au 1er juillet)
la CFDT-Fonctions publiques a pesé pour que soit mentionné dans le texte un objectif de justice sociale, « car n’agir que sur la valeur du point est à l’avantage des rémunérations les plus élevées ».
Luc Farré, le secrétaire national de l’Unsa chargé de l’action publique, a twitté l’information. La revalorisation prendra effet « dès le 1er juillet donc avec effet rétroactif sur les payes d’août pour un coût de 7,47 milliards euros », a-t-il indiqué. Pour l’Unsa, « le dégel est une étape importante mais 3,5 % est insuffisant ». Le syndicat « considère qu’il s’agit d’une première étape ».
« Plus on s’approche du taux d’inflation, plus le gouvernement sera crédible », avait-il expliqué la veille aux « Echos ». Le syndicat souhaite une revalorisation de 10 %, à l’instar de la CGT, car le point d’indice n’a pas bougé depuis cinq ans et la rémunération des fonctionnaires évolue peu depuis une dizaine d’années.
A la CGT, Céline Verzeletti insiste également sur la nécessité de réindexer le traitement des fonctionnaires sur l’inflation, comme au début des années 1980, et de remonter jusqu’à janvier pour la revalorisation rétroactive. « Si nous sommes satisfaits du dégel du point, nous estimons que la revalorisation de 3,5 % n’est pas à la hauteur des urgences sociales et salariales, et nous venons de le dire à Stanislas Guérini », indique-t-elle.
Un calendrier de mesures pour 2022
Le gouvernement prévoit un calendrier de mesures tout au long de l’année. En juillet, un décret point d’indice doit revaloriser la catégorie B type, en Conseil supérieur de la fonction publique de l’Etat. Cette mesure sera transposée aux versants hospitalier et territorial en septembre-octobre, et aux statuts particuliers hors B type.
L’indemnité individuelle de garantie du pouvoir d’achat (Gipa) va également être reconduite via un texte réglementaire en juillet, pour éviter à certains de voir leur traitement indiciaire brut progresser moins vite que l’inflation. La Gipa sera mise en paiement fin 2022 ou début 2023.
En août ou septembre, le forfait mobilités durables (FMD) qui permet la prise en charge des trajets domicile-travail à vélo jusqu’à 200 euros, sera étendu par décret, avec une entrée en vigueur l’année suivante.
Le 1er septembre, la prestation interministérielle (aide aux enfants handicapés, aux vacances, à la restauration) sera augmentée.
Ecrasement des grilles
Fin 2021, le gouvernement avait annoncé un alignement du minimum de rémunération des fonctionnaires sur le SMIC , mais pas de mesure générale. Vu la multiplication des revalorisations du SMIC ces derniers mois, cela signifie que le bas des grilles est de plus en plus écrasé.
C’est pourquoi les partenaires sociaux réclament également une révision urgente des grilles. Comme le fait remarquer la CFDT, les agents de catégorie C restent quatre ans au SMIC avant une augmentation de 8 euros par mois ; les agents de catégorie B sont recrutés au même indice et restent au SMIC pendant quatre ans ; les agents de catégorie A sont recrutés avec un indice à peine supérieur de 10 % au SMIC. Un tassement peu incitatif.
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Source : Les échos (AFP)