Le 7 mars la France sera à l’arrêt !

Extrait de la réponse de Laurent Berger au débat d’actualité revendicative du CNC de février 2023

Cet extrait concerne les mobilisations contre la réforme gouvernementale des retraites et plus particulièrement celle prévue pour le 7 mars.
Il permet de mieux saisir le choix d’une « France à l’arrêt » et a le mérite de motiver les équipes militantes pour les actions à venir.
En bas de page, vous pouvez télécharger le texte complet de l’intervention de Laurent en clotûre du CNC qui s’est tenu les 14 et 15 février 2023.

 » Le 7 mars sera un rendez-vous syndical : le mot d’ordre, c’est de faire progresser les droits à la retraite des salariés, ce n’est pas un mot d’ordre politique. La CFDT n’a pas pour objectif de renverser le Gouvernement (pour installer quelle alternative à la place ?), la CFDT interpelle l’ensemble des forces politiques et est intransigeante avec un Gouvernement qui ne fait pas de la justice sociale, de la justice fiscale un objet de réforme.

On a 3 semaines pour le préparer, pour l’organiser, pour le réussir. Vous avez dit hier tout le positif de la séquence que nous connaissons, le 7 mars, il faut amplifier tout cela !

Vous avez vu le communiqué commun pour le 7 mars :

  • C’est LE rendez-vous !
  • Nous allons durcir le mouvement !
  • La France sera à l’arrêt.

Plusieurs ont dit « on en a sous le pied » : c’est le moment de l’exploiter pour faire du 7 mars 2023 LE POINT DE BASCULE.

Durcir le mouvement, ça veut dire quoi ? Au risque d’en décevoir certains le lendemain de la St-Valentin, le fantasme révolutionnaire, ça ne va pas marcher. Toutes nos équipes, je dis bien toutes nos équipes relaient les difficultés que pose le fait de faire grève pour de nombreux travailleurs. Durcir le mouvement, ça ne peut donc pas se traduire par des grèves reconductibles, ni d’ailleurs par des grèves par procuration.

Durcir le mouvement, cela veut dire être encore plus nombreux, plus visibles, plus tranchant dans nos expressions, plus crédibles dans le relai des réalités vécues et des alternatives possibles. Faisons cela, et les autres organisations syndicales continueront à nous courir derrière.

La CFDT a construit un mouvement ancré dans les territoires, puissant dans ses expressions. Les salariés qui se mobilisent en nombre, ils sont « normaux », ils regardent comment chaque débrayage marche… le 7, il faut que ça marche, l’enjeu ce n’est pas que 2% des salariés rêvent au 8, au 9, au 10 (le 11, ça se complique, c’est le week-end).

Le 7 mars, la France doit être à l’arrêt : voilà un mot d’ordre qui tape !

Une France à l’arrêt, c’est d’abord une France dans la rue. Imaginons une France avec 1,5 millions de manifestants ! Imaginons des manifestations monstres dans les 250 villes habituelles, peut-être même 275 ou 300 villes !

Si on réussit cela, on gagne l’instant de bascule : aucun Gouvernement ne peut résister à 1,5 millions de manifestants.

La France à l’arrêt, c’est donc la France qui manifeste, mais il faut aller au-delà.

Nous allons construire un cadre qui permette cette mobilisation. Il y a une intersyndicale demain en fin de journée, nous envisagerons les cadres d’actions unitaires possibles : pas de mot d’ordre reconductible mais un rapport de force intransigeant contre les 64 ans.

Péages gratuits, café/croissants devant les entreprises et administrations, distributions de tracts, blocages de ronds-points industriels, point de rendez-vous devant des permanences parlementaires, slogans et chansons à fond: le mode opératoire n’est pas complètement arrêté mais l’idée est de faire très fort et très visible. En début de semaine prochaine, une info-rapide donnera des précisions mais la question essentielle est d’organiser comment chaque métier est engagée dans cette mobilisation.

Le 7 mars, c’est un rendez-vous des territoires, mais c’est aussi un rendez-vous fédéral. Voilà mon métier, voilà le problème que me posent les 64 ans. Il faut qu’on soit très bons, très forts sur ces arguments.

Après le 7 mars, il y a le 8 mars et la journée internationale du droit des femmes. Nous devrons évidemment nous en saisir pour dénoncer les conséquences de la réforme pour les femmes… mais ce n’est pas simple. La CFDT a sollicité les autres OS pour avoir également un appel syndical unitaire le 8 mars, traitant exclusivement des inégalités professionnelles et de la retraite, les discussions sont en cours. Mais nous pensons qu’il sera difficile de mobiliser massivement, deux jours de suite. Aussi, la participation des OS derrière leur propre banderole et avec leur propre appel, aux manifestations organisées le 8 mars, comme chaque année, par les organisations féministes, est également en discussion. 

En conclusion cette réponse, mes camarades…

Nous sommes au milieu du « film » et nous ne connaissons pas toute la suite du scénario. Elle nous appartient en partie mais pas totalement. Ce qu’il faut donc faire est simple : être nous-mêmes, cohérents, solides sur nos valeurs et principes, et mobilisés à fond.

Je veux finir en parlant à chaque militante et chaque militant présent dans cette salle, au-delà de nos responsabilités respectives.

Nous, militantes et militants assumant des responsabilités dans cette période, nous avons la chance de vivre un moment extraordinaire.

Exigeant certes, mais extraordinaire, et sans doute historique à l’échelle du syndicalisme et des mouvements sociaux français.

Nous vivons le premier mouvement syndical avec la CFDT en leadership. Cela fait beaucoup peser sur nous… mais cela donne des ailes à nos adhérents et militants.

Je finirai par une très belle expression de Florence hier… Ce mouvement, il permet de ne pas déléguer à d’autres le pouvoir de peser soi-même.

C’est cela… un mouvement du travail pour la dignité des travailleurs et travailleuses, un mouvement porteur d’émancipation individuelle et collective.

Clairement, un mouvement social qui porte la marque CFDT.

Alors, allons-y à fond, goûtons ce plaisir de vivre cela ensemble.

Soyons mobilisés demain 16 février et faisons du 7 mars ce jour de bascule pour faire reculer le Gouvernement ! « 

Crédits photo : Syndicalisme Hebdo – Laurent Berger clotûrant le CNC – février 2023

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