pacte pouvoir de vivre

Le Parlement européen adopte la directive sur des salaires minimaux adéquats

© Frédéric Maigrot/RÉA

Un pas de plus pour l’Europe sociale. Le 14 septembre, le Parlement européen a voté en faveur de l’adoption de la directive sur les salaires minimaux adéquats dans l’Union européenne. Un espoir pour près de 25 millions de travailleurs européens, qui pourraient voir leur salaire augmenter. Mais aussi, incontestablement, « une victoire pour le mouvement syndical européen », réagit Laurent Berger, le président de la Confédération européenne des syndicats (CES). Ce vote intervient après l’accord politique conclu sur ce texte entre le Parlement et le Conseil de l’UE, le 7 juin dernier. Pour être appliquée, cette directive doit maintenant être formellement adoptée par le Conseil européen, courant septembre. Les pays européens disposeront ensuite de deux ans pour la transposer dans leur droit national.

Aujourd’hui, le Parlement européen a voté en faveur de l’adoption de la directive sur des salaires minimaux adéquats dans l’UE. C’est une victoire pour le mouvement syndical européen @etuc_ces et une bonne nouvelle pour les travailleurs européens @VisentiniLuca @EstherLynchs— Laurent Berger (@CfdtBerger) September 14, 2022

Tweet de Laurent Berger, président de la Confédération européenne des syndicats

Dans le détail, la directive invite les États membres à promouvoir et soutenir la négociation collective, et à s’assurer de l’adéquation entre les salaires minimaux légaux et le coût de la vie. « Cette directive nous donnera les outils pour relancer la négociation collective et de meilleurs salaires en France et en Europe », rappelait le président de la CES. Une étape essentielle pour parvenir à « une convergence européenne vers le haut et mettre fin au dumping social ».

Le socle européen des droits sociaux, plus qu’un slogan

« L’Europe a franchi une étape importante vers l’élimination des salaires de misère », complète la CES. Alors que l’Union européenne est touchée par une crise de l’énergie sans précédent et fait face à une inflation galopante, il s’agit d’une bonne nouvelle pour les travailleurs européens. « Nous exhortons maintenant les ministres à signer cette directive afin que les travailleurs puissent commencer à en ressentir les avantages dès que possible, insiste Esther Lynch, secrétaire générale adjointe de la CES. La directive concrétise le socle européen des droits sociaux et démontre que le socle est plus qu’un slogan politique. »

Par Guillaume Lefèvre— Publié le 16/09/2022 à 07h16

À PROPOS DE L’AUTEURGuillaume Lefèvre

Journaliste

“Si le gouvernement n’entre pas dans une logique de dialogue, il doit se préparer à une forte conflictualité”

Pouvoir d’achat en berne, crise énergétique, tension politique, etc…

Dans ce climat anxiogène, le secrétaire général de la CFDT appelle au dialogue pour co-construire des réponses adaptées aux attentes des travailleurs.

© Julien Jaulin/Hans Lucas

La « rentrée » est très tendue. Comment l’aborde la CFDT ?

La situation est très compliquée. Elle est marquée par une forte inquiétude autour de la question du pouvoir d’achat. À l’inflation s’ajoutent les incertitudes autour du prix de l’énergie à l’approche de l’hiver. Les aides ponctuelles comme le chèque énergie sont utiles mais ne suffisent pas. La réponse à l’inflation ne doit pas simplement être une aide au pouvoir d’achat, il faut agir sur les salaires.

Le patronat semble frileux…

Dans les entreprises, les conflits autour des salaires se multiplient. Des journées de mobilisation sont organisées dans l’agroalimentaire, les transports urbains ou encore la santé. Lorsque les salariés ont une revendication juste qui ne trouve pas de réponse, la logique conflictuelle s’impose. Nous accompagnons les équipes dans leurs revendications salariales parce qu’elles sont justes. C’est aussi dans l’intérêt des entreprises d’augmenter les salaires. Le rapport de force est en train de s’inverser. Si elles veulent garder leurs travailleurs, les entreprises vont devoir augmenter les salaires et s’interroger sur les conditions et l’organisation du travail. Le problème de fond que révèle cette situation, c’est la répartition de la richesse.

La taxation des superprofits est-elle une réponse ?

“Malgré les aides publiques qu’elles reçoivent, les entreprises ne jouent pas le jeu de la redistribution. À un moment, elles doivent participer à l’effort collectif ou rendre l’argent.”

Nous sommes pour taxer les superprofits et nous ne ferons pas l’économie d’une contribution exceptionnelle des très hauts revenus afin de financer les efforts de solidarité dans les prochains mois. Mais il faut aussi un meilleur partage de la richesse au sein des entreprises. Sur 171 branches professionnelles, 143 ont des minima qui commencent en dessous du Smic ! Une répartition plus équitable des bénéfices entre le capital et le travail est nécessaire. Nous demandons la généralisation de la participation à tous les travailleurs et dans toutes les entreprises. Nous voulons pouvoir aboutir sur ce sujet par le dialogue social, mais si les employeurs refusent, nous demanderons au gouvernement de prendre ses responsabilités. Malgré les aides publiques qu’elles reçoivent, les entreprises ne jouent pas le jeu de la redistribution. À un moment, elles doivent participer à l’effort collectif ou rendre l’argent. Participer à l’effort de solidarité et redistribuer la richesse, ce n’est pas démagogique comme proposition. Ce qui est démagogique, en revanche, c’est de dire qu’il faut une hausse généralisée de 10 % des salaires, et ce, quelle que soit la situation de l’entreprise.

Que penser des appels à une journée d’action nationale qui se multiplient ces dernières semaines ?

Je vois deux problèmes avec ce type de mouvement. Le premier, c’est de laisser croire que l’on peut obtenir des augmentations de salaires généralisées dans tous les secteurs avec une manifestation interprofessionnelle. C’est faux, ça ne marche pas. Sur les salaires comme sur d’autres sujets, nous agissons dans les branches et les entreprises. C’est là que nous obtenons des résultats – dans la joaillerie, par exemple, ou encore dans les chambres d’agriculture, où le point d’indice était gelé depuis neuf ans. La CFDT est combative sur le terrain, et nous avons des propositions radicales. Nous n’avons pas besoin de défiler dans la rue pour le prouver.
Par ailleurs, on ne se laissera pas embarquer dans des manifestations qui n’auraient qu’un objectif politique. Certains rêvent d’une convergence des luttes. Nous ne tomberons pas dans le panneau. Notre boulot de syndicalistes n’est pas de renverser le gouvernement, c’est de défendre les travailleurs. Il n’est pas question de coller aux initiatives que pourraient lancer les uns et les autres. Néanmoins, cela ne nous empêche pas d’échanger avec les autres organisations syndicales. Une intersyndicale a d’ailleurs eu lieu à la Confédération le 5 septembre dernier, et a émis un communiqué.

Le malaise est aussi palpable dans la fonction publique…

Nous avons obtenu la hausse de la valeur du point d’indice en juillet – une mesure inédite depuis plus de dix ans – mais ce n’est pas suffisant pour répondre au mal-être des agents. Il y a un problème de rémunération mais aussi de conditions de travail. Une militante des douanes me disait que l’État employeur refusait d’acheter des gilets pare-balles adaptés pour les femmes. C’est aberrant et, malheureusement, révélateur du manque de reconnaissance de l’État envers ses agents. C’est aussi vrai à l’hôpital, dans la justice ou encore au sein de l’Éducation nationale. On en voit les conséquences aujourd’hui avec les difficultés de recrutement.

Ces tensions s’inscrivent dans un contexte global de crise énergétique et écologique.

“La crise énergétique est un révélateur de ce que nous aurions dû faire depuis bien longtemps déjà.”

La crise énergétique est liée à la situation en Ukraine. Elle nous oblige à aller vers plus de sobriété. Cette crise est un révélateur de ce que nous aurions dû faire depuis bien longtemps déjà. Pour la CFDT, la sobriété n’est pas un gros mot. La sobriété, c’est faire attention à notre environnement, c’est réfléchir à notre impact sur le réchauffement climatique. Il faut voir cette période comme une opportunité qui va participer à révolutionner les usages, à repenser nos modes de consommation, de production ou de déplacements. Nous n’avons plus le choix.

Comment juges-tu la réponse du gouvernement à cette crise énergétique ?

Je suis président de la Confédération européenne des syndicats. Je vois ce qui se passe ailleurs en Europe. Les aides qui ont été décidées pour protéger les Français sont conséquentes. La CFDT regrette seulement qu’elles n’aient pas été davantage ciblées en direction des foyers en difficulté. La ristourne sur l’essence constitue un cas d’école. Ce n’est pas la même chose d’aider un salarié qui utilise sa voiture pour aller travailler et d’aider une personne qui rejoint sa résidence secondaire.
C’est pour cela qu’à l’approche de l’hiver, nous demandons la mise en place d’un mécanisme de prix bas de l’énergie jusqu’à un certain niveau de consommation, en fonction de la composition du foyer, et qu’au-delà un prix plus proche du coup réel du marché s’applique. Ce que l’on propose, c’est un modèle qui incite à la sobriété énergétique – elle est absolument nécessaire – mais qui n’oblige personne à se priver de chauffage pour faire des économies. Une hausse de 200 ou 300 euros risque de mettre beaucoup de gens en galère. Il faut être très vigilant. On voit bien que les voyants sont au rouge pour beaucoup de travailleurs, et de nombreux ménages risquent de sombrer dans la précarité. Je rappelle que la France compte déjà 10 millions de personnes en situation de pauvreté. Il est donc indispensable d’investir et d’accompagner ces transitions.

Mais comment financer cette transition ?

“Nous demandons la prise en charge à 100 % du chômage partiel pour les salariés des entreprises qui sont contraintes de fermer temporairement ou de réduire leurs activités.”

On revient sur les sujets de fond que sont le partage des richesses et la contribution des uns et des autres afin de faire face au financement des défis qui sont devant nous. Nous devons d’abord demander un effort à ceux qui peuvent se le permettre. Il n’est pas illogique que ceux qui bénéficient de la période pour gagner beaucoup d’argent contribuent davantage. Il y a de gros investissements à faire, parce que cela va impacter les filières industrielles et bouleverser les emplois. C’est indispensable. On le voit déjà clairement. La crise énergétique impacte les salariés et les entreprises. C’est pourquoi nous demandons la prise en charge à 100 % du chômage partiel pour les salariés des entreprises qui, à l’instar de Duralex, sont contraintes de fermer temporairement ou de réduire leurs activités. Les travailleurs ne sont pas responsables de cette situation.
Il faut des investissements massifs, notamment dans la production d’énergie renouvelable. Je prends l’exemple du champ éolien au large de Saint-Nazaire. Cela représente 25 % de la consommation d’énergie en une année du département de la Loire-Atlantique. Il faut aller plus loin. Il faudra également de grands investissements en ce qui concerne les mobilités. Ça me fait mal au ventre quand j’entends la SNCF dire qu’elle va supprimer des trains peu fréquentés pour faire preuve de sobriété. C’est dingue parce que cela risque d’enclaver encore plus des territoires et des citoyens qui se sentent déjà abandonnés. On l’a vu avec les gilets jaunes. Enfin, cela passe aussi par la rénovation thermique des logements.

Peut-on dire que la CFDT est un syndicat écologiste ?

Oui, je le crois. C’est un syndicat qui considère que l’écologie est un sujet essentiel. Je suis devenu syndicaliste parce que j’estimais que le social n’était pas un sous-produit de l’économie. Aujourd’hui, je considère que l’écologie n’est pas un sous-produit de l’économie et le social n’est pas un sous-produit de l’écologie. La prise en compte de l’environnement et du réchauffement climatique correspond clairement à des préoccupations syndicales. Nous avons des propositions sur le sujet, à l’échelle nationale, dans les branches et les entreprises, sur les organisations du travail pour que celles-ci soient moins énergivores, par exemple. La transition écologique est inéluctable. Elle doit se faire dans un cadre démocratique et négocié, au plus près des réalités, et en y associant les acteurs concernés, que ce soit dans les territoires ou les entreprises.

Quelle est la teneur des débats au sein du syndicalisme européen sur cette question de la transition ?

1. Le mécanisme européen qui finance en partie le chômage partiel.

Il y a une position majoritaire sur le fait de soutenir le Green Deal au niveau européen, de faire en sorte qu’il y ait des moyens pour soutenir la transition écologique. La position de la Confédération européenne des syndicats est qu’il faut durablement installer un dispositif de type SURE1, que l’on a connu pendant la crise Covid. L’idée est de dégager des financements afin d’accompagner les travailleurs dont l’activité serait restructurée pour répondre à la transition écologique. On pousse là-dessus en ce moment, et certaines personnes à la Commission européenne soutiennent cette revendication. Cette même idée s’applique d’ailleurs aussi aux travailleurs confrontés aux conséquences de la guerre en Ukraine.
Pour autant, il y a aussi de fortes réticences exprimées par les travailleurs. Certaines organisations sont plus rétives, notamment en Pologne et plus généralement dans les pays de l’Est. On peut le comprendre vu la situation sociale dans certains de ces pays. La CES aura un congrès en mai 2023 qui sera un moment important permettant de redéfinir et réaffirmer les priorités du syndicalisme européen.

Retour en France, où la crise écologique se double d’une crise politique. Le gouvernement n’a pas de majorité absolue et doit composer avec un Rassemblement national qui a fait une entrée fracassante au Parlement. Comment se positionne la CFDT dans ce nouveau paysage ? Comment peser ?

“Si personne ne souhaite dialoguer et avancer, il y a un risque énorme pour la démocratie.”

La CFDT continue de considérer que le RN n’est pas un parti comme les autres. On va rester à distance. Dans certaines régions, il va falloir accompagner nos organisations car le RN est devenu une véritable force. Cependant, nous allons continuer de travailler avec tous les autres groupes politiques. Ce que je crains dans la période, c’est un sentiment d’irresponsabilité généralisé, un renvoi de balles en permanence entre les partis politiques qui empêcheraient de faire face aux défis auxquels nous sommes confrontés. Cela explique en partie notre participation au Conseil national de la refondation (CNR). Si personne ne souhaite dialoguer et avancer, il y a un risque énorme pour la démocratie.

Le CNR peut-il offrir une réponse à cette crise politique ?

La CFDT a participé à la première séance du CNR, le 8 septembre dernier. Nous avons été exigeants sur la méthode afin que le gouvernement écoute davantage la société civile et que nous construisions ensemble des réponses concrètes aux enjeux de la transition écologique, de l’éducation, de la santé, de l’emploi et de la dépendance.
Nous avons été clairs sur nos exigences. Nous sommes une organisation syndicale. Notre rôle, c’est de travailler avec l’interlocuteur légitime qui est en face, qu’il soit un patron ou un politique. Et, aujourd’hui, le gouvernement est légitime. C’est une folie démocratique de considérer qu’il n’y a pas quelqu’un qui a gagné l’élection présidentielle et qu’il n’y a pas un groupe plus important que les autres au Parlement. Dans les entreprises, ce que les travailleurs nous demandent, c’est d’aller discuter avec le patron pour trouver des solutions aux problèmes qu’ils connaissent. À l’échelle nationale, c’est pareil. Pour résumer, si le gouvernement n’adopte pas une logique de dialogue, il devra se préparer à une forte conflictualité dans les semaines et les mois à venir.

En parlant de conflictualité, abordons les sujets qui fâchent dans la période : l’assurance chômage et les retraites…

“Imaginer que la réduction des indemnités des allocataires résoudrait les problèmes d’emploi est dingue.”

Sur l’assurance chômage, la position du gouvernement est l’illustration que le dogmatisme et l’idéologie sont contraires à l’efficacité. Imaginer que la réduction des indemnités des allocataires résoudrait les problèmes d’emploi est dingue. Plus de la moitié des personnes au chômage ne sont pas indemnisées. Même les services du ministère du Travail reconnaissent que le problème du chômage repose en premier lieu sur un manque de formation des personnes en recherche d’emploi, mais aussi sur le manque d’attractivité des métiers en tension. Le montant de l’allocation n’entre pas dans l’équation. Que le gouvernement s’entête dans cette voie parce que la mesure se révèle populaire est le propre de toute politique populiste. Nous sommes en désaccord profond.

Et sur les retraites ?

Si le gouvernement sort une mesure dans le prochain PLFSS [projet de loi de financement de la Sécurité sociale] sur l’âge de départ ou la durée de cotisation, on cesse toute discussion et on descend dans la rue avec l’ensemble des organisations syndicales. C’est une ligne rouge, c’est clair et net, il n’y a pas de voie de passage. Mais attention, cela ne sera pas une partie de plaisir. Faire reculer le gouvernement, qui compte utiliser le vote bloqué pour adopter le PLFSS, ne sera pas facile. Il faudra dans ce cas du monde dans la rue…
Un tel passage en force aurait par ailleurs des conséquences graves. Au-delà de la montée des tensions sociales et du ralentissement de l’économie que provoqueraient les grèves et les manifestations, se posent aussi la question démocratique et le risque de voir le RN rafler la mise en cas de dissolution de l’Assemblée.
Le gouvernement doit comprendre que l’on peut aborder la question des retraites mais en partant du travail, en s’attaquant à la pénibilité, à l’intensification, à la fin de carrière, à l’aménagement des temps de vie, etc. Le système de retraites peut être réformé pour répondre à ces enjeux, pas pour financer des pans entiers de la protection sociale, comme semble le laisser entendre la majorité. C’est pourquoi la CFDT pousse pour l’organisation d’Assises du travail. Quand on parle de retraite, on parle de travail.

Il y a des choses à gagner sur le travail ?

Oui, je pense qu’il y a beaucoup de choses à gagner sur le travail, à condition que l’on soit capable de poser un diagnostic assez fin sur ce qui est en train de se passer. Il y a un rapport au travail qui bouge, il y a une quête de sens nouvelle, un développement du télétravail qui bouleverse nos repères… On ne mesure pas encore assez tous ces changements. Pour autant, on voit bien qu’il y a des espaces nouveaux à investir, des expérimentations à mettre en place à l’échelle nationale comme à l’échelon local. Il y a des choses à inventer, à imaginer pour améliorer la qualité de vie au travail. Cela ne passe pas forcément par une loi mais il faut que nous parvenions à faire de l’organisation du travail un sujet de dialogue social.

Parlons enfin de sujets liés à l’interne de la CFDT. Un congrès s’est tenu à Lyon avant l’été. Quelles en sont les principaux enseignements ?

“Nous devons nous renforcer, et cela passe en premier lieu par un nouvel élan en matière de développement.”

Le 50e congrès nous a permis de montrer une organisation unie, une organisation qui débat de façon apaisée et qui sait trancher. C’est une bonne nouvelle. La CFDT est en forme, nous avons une feuille de route claire. Maintenant, il faut la mettre en œuvre. Je souhaite que nous ne soyons pas que dans la gestion de l’actualité, que nous avancions aussi sur nos priorités, que ce soit sur la question du travail, la lutte contre les discriminations, le compte épargne-temps universel…
Mais on ne réussira à imposer nos idées que si nous avançons sur notre organisation interne. Nous devons nous renforcer, et cela passe en premier lieu par un nouvel élan en matière de développement. Je suis persuadé que de nombreux salariés n’attendent que de nous rejoindre. Il faut aller à leur rencontre, leur proposer d’adhérer. Cela doit être notre priorité. Quand je dis « nous », c’est évidemment l’ensemble des structures et des militants de la CFDT.

Un mot sur le Pacte du pouvoir de vivre. Quel avenir pour cette alliance, qui commence à vraiment s’imposer à l’intérieur de la CFDT mais aussi en dehors ?

L’actualité nous montre que nous avons eu raison de lancer ce collectif, qui reflète la diversité de la société civile. Avec le Pacte, nous avons pesé davantage lors de la première réunion du CNR, c’est une évidence. La priorité aujourd’hui est de renforcer la quarantaine de groupes locaux pour mener des actions au plus près du terrain. L’idée est de voir plus loin que la simple revendication et d’aller vers des actions concrètes.

Le 8 décembre, l’actualité sociale sera marquée par les élections dans la fonction publique. Comment convaincre de voter CFDT ?

Il faut valoriser ce que nous avons obtenu, que ce soit au moment du Ségur de la santé, sur le régime indemnitaire ou sur la complémentaire santé. Pendant quatre ans, nous nous sommes battus. La CFDT a fait la démonstration de l’utilité de son syndicalisme, un syndicalisme de dialogue et de proposition, loin des jeux de posture. Les agents ont besoin de la CFDT pour faire évoluer leur situation. Enfin, nous allons repartir au contact des agents. Une campagne se gagne sur le terrain. La CFDT leur donne un premier rendez-vous du 27 au 29 septembre, à l’occasion de la troisième opération « Réponses à emporter » !

Par Jérôme Citron et Guillaume Lefèvre— Publié le 13/09/2022 à 14h00

Suite à l’appel de l’intersyndicale (CFDT, SUD, CGT, UGICT, UNSA): Mobilisation des agents pour défendre leur pouvoir d’achat

En cette période d’inflation des prix, une centaine de fonctionnaires territoriaux ont manifesté ce vendredi à Rennes pour exiger une revalorisation de leurs rémunérations, chèques déjeuners compris.

La grève des agents territoriaux qui, face à l’inflation, veulent une augmentation de leur point d’indice, « gelé depuis dix ans », commentent les syndicats, ainsi qu’une révision de leur régime indemnitaire (les primes) et des chèques déjeuners.

L’intersyndicale a été reçue dès le jeudi 9 juin veille de la mobilisation : Voici les infos à chaud :

La première revendication dépend de l’État. Les deux autres de la collectivité qui les emploie. C’est pourquoi, à l’appel de l’intersyndicale (CFDT, CGT, Sud Solidaires et Unsa), une centaine d’agents ont manifesté devant le siège de Rennes métropole, ce vendredi en fin de matinée.

6 500 agents concernés

Au-delà des écoles, plus de 6 500 fonctionnaires territoriaux de Rennes, Rennes métropole et du Centre communal d’action sociale sont concernés. « Notre chèque-déjeuner d’une valeur de 7 € est financé à 53 % par la collectivité qui nous emploie, nous demandons que sa contribution soit portée à 60 %, compte tenu de l’inflation, ainsi qu’une augmentation de la valeur faciale à 8 € », expliquent les délégués syndicaux. Ils demandent aussi une baisse du tarif des cantines, accessibles aux agents, pour porter le prix des repas à 3,20 € au lieu de 4,70 €.

L’intersyndicale a été reçue, jeudi 9 juin 2022, par Emmanuelle Rousset, élue aux ressources humaines, qui comprend ces revendications et demande au gouvernement de « donner une visibilité aux employeurs locaux sur le niveau de la revalorisation du point d’indice ». Laquelle aura une incidence « sur les finances de nos collectivités ». Alors seulement « des discussions pourront s’engager avec les organisations syndicales sur le pouvoir d’achat ».

Source extraite : Ouest-France Laurent LE GOFF.

Publié le 10/06/2022 à 16h48

Mobilisation le 10 juin 2022 pouvoir d’achat : Vivre ou survivre ?

Rassemblement le 10 juin à partir de 11h

Devant l’Hôtel de Rennes Métropole (métro Clemenceau)

Nous revendiquons avec vous :

– La revalorisation du chèque déjeuner,

– L’augmentation significative du RIFSEEP

Énergie, carburant, prix alimentaires… tout augmente, sauf les salaires !

Le Ministre de l’Économie nous l’a dit : « le travail doit payer ». Bien ! Faut-il lui faire confiance pour augmenter significativement le traitement des fonctionnaires et des contractuels ? On en doute…

Ce qui paye, c’est une négociation à tous les niveaux, locale et nationale, avec des organisations soutenues par une mobilisation massive des agents de la Fonction Publique et de tous les salariés.

Sans cette mobilisation, il faudra continuer de se serrer la ceinture !

 Lors de nos passages, de nos assemblées générales, les organisations syndicales ont entendu la souffrance des agents. La CFDT, SUD, CGT et CGT / UGICT et l’UNSA ont décidé de se constituer en intersyndicale, de déposer un préavis de grève et d’organiser un

Hausse du point d’indice des fonctionnaires : « Il était temps ! » affirme la secrétaire générale de la CFDT-Fonctions publiques

Selon Mylène Jacquot, « cela fait des mois que la CFDT le dit au gouvernement ! »

Depuis plusieurs années, la CFDT revendique le dégel du point d’indice, et cela d’autant plus ces derniers mois, l’inflation est repartie à la hausse depuis près d’un an.

C’était une mesure (très) attendue par les agents. Mais pour qu’elle ne reste pas un effet d’annonce,  il y a encore du travail pour la transformer en bonne nouvelle. Quel est le niveau de la hausse ? Comment avoir une traduction pour tous les contractuels ? Quel est le calendrier ? Son application doit être rapide et avec effet rétroactif.

Le dialogue social doit être repris pour une remise à plat et une négociation de l’ensemble des rémunérations des agents publics et pour gagner une meilleure lisibilité des réformes annoncées.

Mylène Jacquot lors d’une manifestation à Paris.

Retrouvez ci-dessous le communiqué de presse CFDT à ce sujet :

« Il était temps, cela fait des mois que la CFDT le dit au gouvernement ! » a déclaré Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT-Fonctions publiques, invitée sur france info ce 14 mars alors que le gouvernement annonce une hausse du point d’indice des fonctionnaires. Mylène Jacquot admet un certain soulagement : « Ouf ça y est, le tabou est tombé : l’ensemble des agents publics subissent l’inflation ! Et à un moment, il faut tenir compte de cette réalité et se dire que la seule mesure qui permet de compenser ces difficultés, c’est une hausse de la valeur du point ». Elle ajoute néanmoins : « C’est une nouvelle attendue, c’est sûr, de là à ce que ça devienne une bonne nouvelle, il manque encore un certain nombre d’éléments d’information. »

Le gouvernement l’assure, par la voix de sa ministre de la Fonction publique, Amélie de Montchalin, « ce n’est pas une mesure électoraliste« . A moins d’un mois du premier tour de l’élection présidentielle et quelques jours avant une mobilisation interprofessionnelle, son cabinet a annoncé, lundi 14 mars, que le point d’indice servant à calculer le traitement de millions d’agents publics serait revalorisé d’ici à l’été. L’inflation n’a jamais été « aussi forte depuis 1991 », a justifié la ministre. « Notre responsabilité est de nous assurer que nous ne laissons pas le pouvoir d’achat des agents publics décrocher, en particulier par rapport aux salariés du privé. » Franceinfo revient, en questions, sur cette annonce. 

1) Qu’est-ce que le point d’indice des fonctionnaires ?

Le point d’indice est le dénominateur commun de la rémunération des 5,7 millions d’agents publics, répartis dans les trois fonctions publiques (Etat, hospitalière et territoriale). Depuis le 1er février 2017, sa valeur s’élève à exactement 4,68602 euros.

La méthode de calcul des salaires bruts est commune aux fonctionnaires et aux contractuels, explique le site de la fonction publique. Il faut multiplier « la valeur du point d’indice par l’indice majoré propre à chaque fonctionnaire ». Ce dernier est défini en fonction de « son échelon, son grade, son cadre d’emploi et son ancienneté »

>> Pouvoir d’achat : combien gagnent réellement les fonctionnaires ?

« Le système du point d’indice assure une rationalisation et une comparabilité des rémunérations des agents publics », défend Prune Helfter-Noah, porte-parole du collectif d’agents publics Nos services publics, auprès de l’AFP. Or, « quand on gèle le point d’indice et que l’inflation repart à la hausse » comme ces derniers mois, « cela se traduit par une perte de pouvoir d’achat », explique-t-elle.

2) Depuis quand ce point d’indice est-il gelé ?

Le point d’indice est gelé depuis l’élection d’Emmanuel Macron. La ministre de la Transformation et de la Fonction publiques avait d’ailleurs écarté en décembre tout dégel d’ici à la fin du quinquennat. Selon les données du ministère de la Fonction publique, les deux dernières légères augmentations (0,6%) du point d’indice étaient intervenues sous la présidence de François Hollande. La toute dernière est survenue le 1er février 2017, à quelques semaines de la précédente élection présidentielle.

Auparavant, les dégels étaient fréquents et servaient toujours à majorer la base de calcul, jamais à la dévaluer. Sous la présidence Chirac, la valeur du point d’indice a ainsi augmenté 19 fois entre 1995 et 2007, pour une augmentation totale de 10,69%. La première partie du mandat de Nicolas Sarkozy a elle aussi été marquée par cinq augmentations successives, nettement plus discrètes. La valeur du point a augmenté de 1,61% entre 2007 et 2010, avant d’être gelée.

Source : https://www.fonction-publique.gouv.fr/connaitre-point-dindice

3) Qu’a annoncé le gouvernement ?

Le cabinet d’Amélie de Montchalin a déclaré que le point d’indice allait être dégelé « avant l’été », pour la première fois depuis février 2017. Ce changement interviendra nécessairement après l’élection présidentielle ; il est donc conditionné à la réélection d’Emmanuel Macron, candidat à un second mandat. 

Selon le gouvernement, cette décision est motivée par la forte inflation. Une première estimation de l’Insee rapporte que l’indice des prix à la consommation a bondi de 3,6% au mois de février sur un an, alimenté par une flambée des prix de l’énergie aggravée par la guerre en Ukraine. La Banque de France a de son côté anticipé une progression de 3,7% à 4,4% de l’indice des prix à la consommation harmonisé en 2022.

Pour « protéger le pouvoir d’achat des fonctionnaires » et contractuels, le gouvernement a aussi choisi d’agir sur l’indemnité kilométrique perçue par les agents qui utilisent leur véhicule personnel dans le cadre de leurs fonctions. « Nous allons l’augmenter, comme pour les salariés du privé, d’au moins 10% », a précisé la ministre au Parisien (article réservé aux abonnés), et « cette mesure sera effective dans les prochains jours. »

4) De combien vont augmenter les salaires des fonctionnaires ?

Pour le moment, l’augmentation du point n’a pas été précisée. Les négociations commenceront dans les prochains jours, a dit le ministère, avec « tous les acteurs, tous les financeurs et tous les employeurs ». Impossible donc de savoir l’ampleur de l’augmentation des salaires des fonctionnaires et contractuels. En parallèle, « le système de rémunération des agents publics dans son ensemble devra être revu », a annoncé Amélie de Montchalin. 

Une première évaluation du coût de cette mesure a néanmoins été mentionnée par la ministre de la Fonction publique. Relever de 1% le point d’indice, par exemple, coûterait « deux milliards d’euros », a-t-elle déclaré au Parisien. Cette hausse « sera inscrite dans une loi de finance rectificative, qui devra être votée au Parlement cet été. » De leur côté, les syndicats estiment qu’une revalorisation de 3% coûterait de 5 à 6 milliards d’euros à l’Etat.

5) Pourquoi cette annonce est-elle une surprise ?

L’annonce d’Amélie de Montchalin tranche nettement avec les mesures précédemment annoncées pendant le quinquennat d’Emmanuel Macron. Le dégel du point, réclamé de longue date par les syndicats, n’était pas d’actualité. Si elle considérait comme « légitimes » les attentes salariales des agents publics, la ministre décrivait souvent un système de rémunération « à bout de souffle ». 

Jusqu’ici, elle assumait de préférer les augmentations ciblées, à destination notamment des professionnels de la santé ou des agents publics de catégorie C (fonctions d’exécution nécessitant un BEP/CAP ou accessibles sans diplôme), les moins bien rétribués. « Avec le point d’indice, on augmente tout le monde ou personne. On a fait le choix de concentrer nos moyens vers les moins bien rémunérés », défendait-elle encore lors d’un déplacement en Haute-Vienne en janvier.

A moins d’un mois du premier tour de l’élection présidentielle, le ministère a assuré à l’AFP que ces mesures avaient été décidées « sur la base de déterminants économiques ». « Cela n’est pas une décision politique, mais un amortisseur pour protéger le pouvoir d’achat des fonctionnaires » et des contractuels, a-t-il ainsi argumenté.

Source : France Info