l’intersyndicale invitée à Matignon, nouvelle journée de mobilisation le 6 avril.
Au lendemain de la dixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites mardi, la Première ministre Elisabeth Borne a invité l’intersyndicale à discuter. Une rencontre prévue en début de semaine prochaine et inédite depuis des semaines de contestation.
25 000 personnes dans la rue
En attendant, l’intersyndicale a déjà décidé d’une nouvelle journée de mobilisation le 6 avril prochain. La date de cette discussion n’a pas encore été précisée mais « on ira » déclarait dès mardi soir Laurent Berger, patron de la CFDT.
Invité de franceinfo mercredi matin, il a redit son intention de s’y rendre et surtout de parler du recul de l’âge de départ à 64 ans, qui ne semble pas être à l’ordre du jour souhaité par le gouvernement. « Mais j’en parlerai, j’en parlerai, insiste Laurent Berger.
Et si on me dit ‘vous ne pouvez pas en parler’, il faudra sortir. Il faudra que même si on est accueilli, ils sortent, ils sortiront de la salle ou alors on partira. Mais on va parler des 64 ans. On va parler de ce qui se passe dans notre pays« .
Matignon a confirmé l’invitation et indiqué que les syndicats pourront aborder « l’ensemble des sujets qu’ils souhaitent », selon franceinfo. « Nous parlerons travail », a précisé l’entourage de la Première ministre. « Il n’y a pas d’ordre du jour figé ».
« Ce qui est sûr, c’est que nous, on ira discuter des retraites. Et du travail parce que ça va avec, mais (surtout) des retraites !« , a pour sa part insisté Laurent Berger. Interrogés dans la foulée, des syndicats ont semblé nuancer les affirmations du leader de la CFDT. « On a encore besoin d’en discuter en intersyndicale« , a fait valoir la codéléguée de Solidaires, Murielle Guilbert. « Ça nécessite une discussion entre nous au préalable« , a également affirmé François Hommeril, président de la CFE-CGC.
Alors que la décision du Conseil constitutionnel sur la réforme des retraites est attendue d’ici trois semaines, et sur fond de montée de la violence, la Première ministre Elisabeth Borne avait promis ce week-end de « mettre de l’apaisement« .
À l’Élysée, où Emmanuel Macron a reçu lundi les cadres de la majorité et du gouvernement, le chef de l’État a dit vouloir « continuer à tendre la main aux forces syndicales« , mais sur d’autres sujets que les retraites, selon un participant.
Après la forte affluence un peu partout en France ce jeudi, les syndicats annoncent qu’ils remettent ça mardi prochain.
Ils veulent maintenir la pression. Au terme d’une journée nationale de mobilisation particulièrement suivie, les syndicats ont annoncé jeudi soir une dixième journée de grèves et de manifestations, le mardi 28 mars, pour protester contre la réforme des retraites. Des rassemblements syndicaux de proximité ce week-end sont également annoncés ce week-end.
« Alors que l’exécutif cherche à tourner la page, ce mouvement social et syndical pérenne et responsable confirme la détermination du monde du travail et de la jeunesse à obtenir le retrait de la réforme », ont-ils affirmé à l’issue d’une neuvième journée de mobilisation.
« Une réponse à l’entêtement incompréhensible »
La CGT estime que 3,5 millions de personnes ont manifesté ce jeudi en France. C’est autant que le 7 mars, selon la centrale syndicale, et environ deux fois plus que la dernière journée de mobilisation du 15 mars. Le ministère de l’Intérieur, lui, a recensé un peu plus d’un million de personnes dans les rues ce jeudi en France.
La journée a également été marquée par une grève très suivie dans les services publics, ainsi que par des débordements de violences, notamment à Paris, Nantes, Toulouse ou Rennes.
Les manifestations, grèves et débrayages « sont une réponse aux contre-vérités exprimées par le président de la République et son entêtement incompréhensible », ont souligné les syndicats. « La responsabilité de la situation explosive n’incombe donc pas aux organisations syndicales mais bien au gouvernement », ont-ils ajouté.
Ce 7 mars, les organisations syndicales voulaient frapper un grand coup. La sixième journée contre la réforme des retraites aura battu tous les records de mobilisation avec des cortèges plus étoffés qu’espéré.
En face, le gouvernement reste sourd. Pour combien de temps ?
L’intersyndicale appelle d’ores et déjà à deux nouvelles journées de mobilisation, les 11 et 15 mars, et demande à être reçue en urgence par Emmanuel Macron.
Le samedi 11 mars : RENNES : Place de Bretagne à 14h30
« Nous sommes en train d’écrire une nouvelle page de l’histoire sociale de ce pays. De manière pacifique et responsable, mais de manière déterminée, glisse Séverine, manutentionnaire dans une entreprise des Yvelines. Et si nous devons être à nouveau là dans les prochains jours, nous serons là. Que le gouvernement compte là-dessus ! Sa réforme, il ne la passera pas ! » Si l’exécutif pariait sur une baisse de la mobilisation, c’était sans compter sur cette détermination qui anime les travailleurs de ce pays. Après trois semaines de trêve, du fait des vacances scolaires, la contestation contre la réforme des retraites est entrée dans une nouvelle phase le 7 mars.
Une mobilisation en nette hausse
Les chiffres – les plus importants enregistrés depuis le début des années 90 – parlent d’eux-mêmes : les syndicats enregistrent une hausse de la mobilisation de 25 % par rapport au 31 janvier, où 2,5 millions de personnes s’étaient mobilisées. Dans les grandes villes comme dans les plus petites, l’ancrage territorial de ce mouvement est inédit : on dénombrait ainsi 120 000 manifestants à Toulouse, 75 000 à Nantes, 17 000 à Metz, 16 000 à Foix, 24 000 à Pau, 7 000 à Auch, 14 000 à Vannes ou encore 22 000 à Poitiers. Peu avant le départ du cortège parisien, Laurent Berger (informé des premiers chiffres de mobilisation de la matinée) saluait une « mobilisation historique » et laissait déjà présager « la plus forte journée de mobilisation depuis le début de ce conflit ».
Comment pourrait-il en être autrement ? L’inflexibilité de l’exécutif et les récents propos des membres du gouvernement – considérés comme des provocations – suscitent chez beaucoup une poussée de colère. « La colère telle qu’elle s’exprime dans la diversité du monde du travail est plus importante qu’en 1995 », note Laurent Berger, questionné sur la capacité du mouvement syndical à faire plier, comme à l’époque, le gouvernement. « Chacun apporte de sa dignité de travailleur dans cette mobilisation et exprime son rejet des 64 ans. Il n’y a pas de grève par procuration, que le gouvernement l’entende ! »
Une véritable marée orange qui traduit la très forte mobilisation de la CFDT.
Alors, quelles suites ? La volonté intersyndicale de « mettre la France à l’arrêt » s’est illustrée de diverses manières, mais toujours dans respect des biens et des personnes – ligne de conduite des leaders syndicaux dont aucun ne souhaite s’affranchir. « La menace du chaos économique et social brandie par l’exécutif n’existe que dans leur tête », s’amuse un manifestant qui note depuis sa première manifestation, le 19 janvier, « le même esprit de responsabilité des manifestants ».
“On a commencé ensemble, on va finir ensemble !”
Une chose est sûre : l’unité syndicale, que d’aucuns voudraient voir voler en éclats, perdure. « Il y a une grande maturité des organisations syndicales pour dire “On a commencé ensemble, on va finir ensemble !” ; sur un mot d’ordre : non aux 64 ans, et sur une exigence : celle de construire ensemble la mobilisation dans la diversité de ce que sont nos cultures syndicales. »
Cette unité, les diverses organisations syndicales l’ont une nouvelle fois montré en début de soirée au siège de Force ouvrière. Saluant « une journée historique par l’ampleur des grèves et des mobilisations », elles s’agacent qu’à ce jour les mobilisations n’aient reçu aucune réponse de la part du gouvernement. « Cela ne peut plus durer. Le silence du président de la République constitue un grave problème démocratique qui conduit immanquablement à une situation qui pourrait devenir explosive », alerte l’intersyndicale dans son communiqué. De fait, « le Président ne peut pas rester sourd et aveugle à ce qui se passe. Nous sommes très préoccupés par ces travailleurs extrêmement mobilisés et ce sentiment d’incompréhension totale qui ne trouve aucune réaction », pointe Marylise Léon, secrétaire générale adjointe de la CFDT. Raison pour laquelle « l’intersyndicale adressera dans les prochains jours un courrier demandant au Président à être reçue en urgence pour qu’il retire sa réforme ».
Deux nouvelles dates de mobilisation
1. À l’occasion de laquelle sénateurs et députés se réuniront pour tenter de trouver un accord sur la réforme des retraites.
Soutenant l’appel spécifique des organisations de jeunesse à se mobilier le jeudi 9 mars, « l’intersyndicale appelle à une nouvelle journée de mobilisation interprofessionnelle ce samedi 11 mars puis dès la semaine prochaine, à une journée de manifestations et de grève, le jour de la commission mixte paritaire (CMP)1, moment important du calendrier parlementaire », poursuit la déclaration commune. D’après nos informations, celle-ci devrait se tenir le 15 mars. Pour la CFDT, « le temps social n’est pas terminé. Ce n’est pas parce qu’il y a eu des concertations que les organisations syndicales n’ont plus leur mot à dire ». En parallèle, la CFDT poursuit son travail de pédagogie auprès des parlementaires. Une rencontre était encore prévue ce 8 mars à l’Assemblée. Car le temps parlementaire, lui non plus, n’est pas terminé.
Après une trêve de plus de deux semaines, la sixième journée de la mobilisation contre la réforme des retraites a repris ce mardi 7 mars 2023.
Tête de cortège de l’intersyndicale à Paris ce mardi 7 mars 2023
Les manifestants ont pris le départ esplanade Charles de Gaulle à Rennes vers 11 h 45. Ce circuit a été validé la veille au soir par la préfecture pour des raisons de sécurité. En effet, le circuit a du être réadapté au dernier moment pour contourner la place de Bretagne.
Mardi 7 mars 2023 à Rennes
Le couac du parcours de la manifestation à Rennes
Des représentants de l’intersyndicale se sont retrouvés vers 10 h 30, place de Bretagne à Rennes, d’où les syndicalistes voulaient partir initialement. Mais la préfecture, pour des raisons de sécurité, a préféré que le cortège parte de l’esplanade Charles-de-Gaulle.
Avant la manifestation, le député Nupes de la 8e circonscription d’Ille-et-Vilaine Mickaël Bouloux est venu apporter son soutien à l’intersyndical, réunie place de Bretagne, qui fulmine contre le changement de parcours imposé par le préfet.
dans le cortège à Rennes…
Le dépôt de bus Kéolis bloqué à Rennes
Situé Plaine de Baud à Rennes, le dépôt de bus Keolys est bloqué depuis 4h50. Il y a un feu de palette sur le chemin d’accès et 100 personnes sont présentes « dans une ambiance calme », selon préfecture d’Ille-et-Vilaine.
Des dégradations route de Lorient : le bilan de la préfecture
A la suite du passage des bloqueurs, des dégradations sont à déplorer recense la préfecture : des incendies de containers et de chariots sur la RN 24, un engin élévateur bloquant les deux sens de circulation. Il y a aussi des commerces : une station Total access, la vitrine du restaurant Pizza dell’arte et la devanture d’un magasin de motos Honda (tags) ainsi que le magasin de luminaires Kandella.
Ailleurs en Ille-et-Vilaine
Une manifestation est également prévue ce mardi à Vitré à 17 h. Le cortège partira devant la gare. A Saint-Malo, le rassemblement est fixé à 11 h à la médiathèque à Saint-Malo, 11 h également pour la manif de Dol-de-Bretagne, rendez-vous devant l’Odyssée, et manifestation également à Combourg, à 18 h devant le lycée Chateaubriand.
Extrait de la réponse de Laurent Berger au débat d’actualité revendicative du CNC de février 2023
Cet extrait concerne les mobilisations contre la réforme gouvernementale des retraites et plus particulièrement celle prévue pour le 7 mars. Il permet de mieux saisir le choix d’une « France à l’arrêt » et a le mérite de motiver les équipes militantes pour les actions à venir. En bas de page, vous pouvez télécharger le texte complet de l’intervention de Laurent en clotûre du CNC qui s’est tenu les 14 et 15 février 2023.
» Le 7 mars sera un rendez-vous syndical : le mot d’ordre, c’est de faire progresser les droits à la retraite des salariés, ce n’est pas un mot d’ordre politique. La CFDT n’a pas pour objectif de renverser le Gouvernement (pour installer quelle alternative à la place ?), la CFDT interpelle l’ensemble des forces politiques et est intransigeante avec un Gouvernement qui ne fait pas de la justice sociale, de la justice fiscale un objet de réforme.
On a 3 semaines pour le préparer, pour l’organiser, pour le réussir. Vous avez dit hier tout le positif de la séquence que nous connaissons, le 7 mars, il faut amplifier tout cela !
Vous avez vu le communiqué commun pour le 7 mars :
C’est LE rendez-vous !
Nous allons durcir le mouvement !
La France sera à l’arrêt.
Plusieurs ont dit « on en a sous le pied » : c’est le moment de l’exploiter pour faire du 7 mars 2023 LE POINT DE BASCULE.
Durcir le mouvement, ça veut dire quoi ? Au risque d’en décevoir certains le lendemain de la St-Valentin, le fantasme révolutionnaire, ça ne va pas marcher. Toutes nos équipes, je dis bien toutes nos équipes relaient les difficultés que pose le fait de faire grève pour de nombreux travailleurs. Durcir le mouvement, ça ne peut donc pas se traduire par des grèves reconductibles, ni d’ailleurs par des grèves par procuration.
Durcir le mouvement, cela veut dire être encore plus nombreux, plus visibles, plus tranchant dans nos expressions, plus crédibles dans le relai des réalités vécues et des alternatives possibles. Faisons cela, et les autres organisations syndicales continueront à nous courir derrière.
La CFDT a construit un mouvement ancré dans les territoires, puissant dans ses expressions. Les salariés qui se mobilisent en nombre, ils sont « normaux », ils regardent comment chaque débrayage marche… le 7, il faut que ça marche, l’enjeu ce n’est pas que 2% des salariés rêvent au 8, au 9, au 10 (le 11, ça se complique, c’est le week-end).
Le 7 mars, la France doit être à l’arrêt : voilà un mot d’ordre qui tape !
Une France à l’arrêt, c’est d’abord une France dans la rue. Imaginons une France avec 1,5 millions de manifestants ! Imaginons des manifestations monstres dans les 250 villes habituelles, peut-être même 275 ou 300 villes !
Si on réussit cela, on gagne l’instant de bascule : aucun Gouvernement ne peut résister à 1,5 millions de manifestants.
La France à l’arrêt, c’est donc la France qui manifeste, mais il faut aller au-delà.
Nous allons construire un cadre qui permette cette mobilisation. Il y a une intersyndicale demain en fin de journée, nous envisagerons les cadres d’actions unitaires possibles : pas de mot d’ordre reconductible mais un rapport de force intransigeant contre les 64 ans.
Péages gratuits, café/croissants devant les entreprises et administrations, distributions de tracts, blocages de ronds-points industriels, point de rendez-vous devant des permanences parlementaires, slogans et chansons à fond: le mode opératoire n’est pas complètement arrêté mais l’idée est de faire très fort et très visible. En début de semaine prochaine, une info-rapide donnera des précisions mais la question essentielle est d’organiser comment chaque métier est engagée dans cette mobilisation.
Le 7 mars, c’est un rendez-vous des territoires, mais c’est aussi un rendez-vous fédéral. Voilà mon métier, voilà le problème que me posent les 64 ans. Il faut qu’on soit très bons, très forts sur ces arguments.
Après le 7 mars, il y a le 8 mars et la journée internationale du droit des femmes. Nous devrons évidemment nous en saisir pour dénoncer les conséquences de la réforme pour les femmes… mais ce n’est pas simple. La CFDT a sollicité les autres OS pour avoir également un appel syndical unitaire le 8 mars, traitant exclusivement des inégalités professionnelles et de la retraite, les discussions sont en cours. Mais nous pensons qu’il sera difficile de mobiliser massivement, deux jours de suite. Aussi, la participation des OS derrière leur propre banderole et avec leur propre appel, aux manifestations organisées le 8 mars, comme chaque année, par les organisations féministes, est également en discussion.
En conclusion cette réponse, mes camarades…
Nous sommes au milieu du « film » et nous ne connaissons pas toute la suite du scénario. Elle nous appartient en partie mais pas totalement. Ce qu’il faut donc faire est simple : être nous-mêmes, cohérents, solides sur nos valeurs et principes, et mobilisés à fond.
Je veux finir en parlant à chaque militante et chaque militant présent dans cette salle, au-delà de nos responsabilités respectives.
Nous, militantes et militants assumant des responsabilités dans cette période, nous avons la chance de vivre un moment extraordinaire.
Exigeant certes, mais extraordinaire, et sans doute historique à l’échelle du syndicalisme et des mouvements sociaux français.
Nous vivons le premier mouvement syndical avec la CFDT en leadership. Cela fait beaucoup peser sur nous… mais cela donne des ailes à nos adhérents et militants.
Je finirai par une très belle expression de Florence hier… Ce mouvement, il permet de ne pas déléguer à d’autres le pouvoir de peser soi-même.
C’est cela… un mouvement du travail pour la dignité des travailleurs et travailleuses, un mouvement porteur d’émancipation individuelle et collective.
Clairement, un mouvement social qui porte la marque CFDT.
Alors, allons-y à fond, goûtons ce plaisir de vivre cela ensemble.
Soyons mobilisés demain 16 février et faisons du 7 mars ce jour de bascule pour faire reculer le Gouvernement ! «
Crédits photo : Syndicalisme Hebdo – Laurent Berger clotûrant le CNC – février 2023
A partir de 6h45 de grève (cumulable sur 1 ou plusieurs jours)
Pour les salariés / agents ayant adhéré avant le 19 janvier 2023
Taux de 7,70 euros / heure si adhérant depuis plus de 6 mois avant la date du 19 janvier 2023 sinon 3,85 euros / heure. Etre à jour de ses cotisations.
Un dossier à transmettre par l’adhérent au syndicat CFDT interco35 :
Y spécifier les jours de grève et le nombre d’heures
Y joindre la/les fiche(s) de paie spécifiant les retenues sur salaire
Envoyer le tout par courrier ou mail :
10 Boulevard du Portugal – CS10811 – 35208 Rennes Cedex