élections municipales 2020

Une abstention hors norme (68% à Rennes) pour un scrutin qui l’était tout autant

Un second tour inédit, plus de trois mois après le premier, un coronavirus toujours craint, une non-campagne : l’abstention a atteint dimanche 28 juin 2020 un nouveau record pour des municipales avec plus de six électeurs sur dix qui ont boudé les urnes.

C’était un peu la chronique d’une désillusion annoncée. Le 1er tour avait déjà été très mauvais sur le plan de la mobilisation électorale avec une abstention record de 55,4 %. Selon les instituts de sondage, elle devrait encore grimper pour se situer à un niveau historique, entre 59 % et 60 %, soit environ 12 points de plus que pour le second tour de 2014.

Une déconvenue pour l’élection des maires alors que c’est la fonction politique qui demeure la plus appréciée des Français selon les enquêtes d’opinion.

« Il fallait en finir avec les municipales (…) mais les électeurs n’ont pas été là », a résumé sur LCI le sondeur Jérôme Jaffré pour qui « c’est le processus électoral lui-même qui a été vicié » dès le départ avec un 1er tour qui n’avait pu être annulé à la veille du confinement.

« Le contexte de la crise sanitaire n’est toujours pas estompé pour les électeurs », a souligné le chercheur du Cevipof Bruno Cautrès sur franceinfo, pour qui « la crainte d’être contaminé dans les bureaux de vote », malgré les mesures sanitaires adoptées, a été « l’un des principaux obstacles à la participation », comme au 1er tour.

Selon un sondage Sopra-steria pour France TVRadio FranceLCP et Public Sénat sur les motivations des électeurs, 43 % des personnes interrogées citent le risque d’attraper le Covid-19 comme première raison de leur abstention.

Mais la peur du virus n’est pas seule en cause dans ce désastre civique après une « campagne qui a été la plus longue de la Ve République et  qui n’est jamais montée en puissance », selon Frédéric Dabi, le directeur général adjoint de l’Ifop, sur Cnews.

« Il n’y a pas eu de campagne de second tour, pas de possibilités de meeting, pas de possibilités de porte-à-porte, pas de possibilités de contact physique entre les candidats et des électeurs », rappelle Jérôme Jaffré.

Avec un second tour décalé de plus de trois mois, « on a eu cette longue période très particulière où le soufflé est un peu retombé », souligne aussi Brice Teinturier, le directeur général délégué de l’institut de sondages Ipsos, sur France 2.

Mais il insiste aussi sur l’absence de « dynamique nationale » car « ce n’est pas une élection nationale contre le pouvoir où il s’agit de faire battre des maires sortants affiliés à un pouvoir qui serait impopulaire, comme on l’avait eu en 2014 ».

A contrario, dans certaines villes très disputées, mais pas toutes, l’abstention a reculé. « On voit aussi des mobilisations très fortes dans des villes où il y a de l’enjeu », comme à Perpignan (52,8 %), à Nancy (57,9 %, contre 62,9 % au premier tour) ou à Bastia (35,9 %), insiste Brice Teinturier, qui rappelle que « la moyenne nationale recouvre des différences ». Ce serait en outre une erreur de se focaliser uniquement sur le caractère conjoncturel de cette nouvelle poussée abstentionniste.

De Lyon à Strasbourg en passant par Bordeaux, les grandes villes se sont parées de vert dimanche soir, à l’issue d’un second tour qui a confirmé, et même amplifié, les espoirs des écologistes nés lors du 1er tour le 15 mars.

À Paris, où l’incertitude était faible, la sortante Anne Hidalgo (PS) alliée à EELV, a été réélue les mains sur le guidon en endossant elle-même un programme résolument écolo.

Cette déferlante verte devrait amener Emmanuel Macron à intervenir dès lundi matin en recevant à l’Élysée les membres de la Convention citoyenne sur le climat à qui il entend apporter des « réponses fortes » et « à la hauteur des enjeux et des attentes », fait savoir l’Élysée à l’AFP.

Le chef de l’État devrait de manière générale préciser, dans les jours qui viennent, son intention affichée de « se réinventer » pour les deux dernières années de son mandat. Mais les résultats de dimanche rendent la thématique écologiste incontournable.

« À l’exception des européennes en mai 2019 où on avait vu un regain de participation, on voit s’inscrire progressivement une forme de démocratie de l’abstention en France », élections après élections, avertit Bruno Cautrès.

« La présidentielle motive toujours, mais les autres élections ont du mal à trouver la motivation des électeurs », ajoute-t-il.

Dans le sondage Sopra-steria, 38 % des sondés disent ne pas avoir voté car ils pensent que les élections ne changeront rien à leur vie quotidienne, 27 % parce qu’aucune liste ou candidat ne leur plaît.

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Municipales 2020, second tour, mode d’emploi

Le second tour des élections municipales aura lieu le dimanche 28 juin 2020 dans près de 5 000 communes, plus de trois mois après la décision du gouvernement de reporter le scrutin au tout début de la vague de Covid-19 en France.

Les conseils municipaux restent à pourvoir dans environ 15 % des communes et dans les arrondissements et secteurs de Paris, Lyon, Marseille. Ce sont quelque 16,5 millions de personnes qui seront appelées à voter, soit environ 39 % du corps électoral français.

157 632 candidats sont en lice dans 4 820 communes où les conseils n’ont pas été élus au complet au premier tour, le 15 mars, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur.

En raison de la pandémie, le second tour a en revanche été à nouveau reporté dans les sept communes de Guyane concernées.

Municipales 2020 en France: faux comptes, publicités illégales, insultes… Quand la campagne sur Facebook vire au Far West

A Sète, Facebook a dû fermer une cinquantaine de faux comptes qui perturbaient les élections. D’après nos recherches, au moins une dizaine de candidats au second tour, partout en France, ont aussi utilisé des publicités illégales sur le réseau social.

« Facebook, c’est un peu Règlements de comptes à OK Corral. » Pour François Astorg, tête de liste écologiste à Annecy (Haute-Savoie), la campagne du second tour des élections municipales a parfois pris des allures de western. Lui qui a utilisé les réseaux sociaux pour construire et faire connaître sa liste citoyenne a aussi dû faire face à de dures attaques. Début juin, un candidat d’une liste concurrente a publié un commentaire raciste à son encontre. « Il n’est pas question de laisser passer ça, réagit-il auprès de franceinfo. Je vais probablement porter plainte. »

Cette dérive en ligne n’est pas isolée. Dans certaines communes, de fausses pages, des publicités illégales ou encore des comptes piratés perturbent la campagne. Il faut dire que la crise sanitaire liée au coronavirus a accéléré la conversion des candidats au numérique. Privés de meetings, priés de garder leurs distances sur les marchés, ils ont dû trouver d’autres moyens de faire connaître leurs propositions et d’échanger avec leurs potentiels électeurs. Alors, Facebook est apparu comme l’une des solutions miracles. Et tout le monde s’y est mis… pour le meilleur et pour le pire.

Un premier Facebook Live à 73 ans

Dans de nombreuses villes, cette nouvelle passion pour les réseaux sociaux a été l’occasion d’expérimentations démocratiques innovantes. A Sainte-Luce-sur-Loire, tout près de Nantes, le maire sortant de droite, Jean-Guy Alix, s’est lancé dans son premier Facebook Live à 73 ans. Pendant une heure, il a enchaîné sans répit les réponses aux questions des internautes. Lui qui est arrivé en deuxième position lors du premier tour, à seulement 17 voix d’écart de son rival, va même organiser un « e-meeting » quelques jours avant le scrutin du 28 juin.

Un phénomène visible un peu partout en France. A Ozoir-la-Ferrière (Seine-et-Marne), le maire LR sortant, Jean-François Oneto, pas franchement fan des réseaux sociaux, a aussi réactivé sa page Facebook le jour du confinement. Depuis, les posts s’enchaînent, pour Pâques, la Fête des mères et, surtout, pour vanter les distributions de masques. « Sur Facebook, il y a souvent une ambiguïté entre le candidat en campagne et le maire élu », décrit Anaïs Theviot, maîtresse de conférences en sciences politiques à l’université catholique de l’Ouest, et spécialisée dans les campagnes politiques en ligne. De quoi faire réagir l’opposition. « Lui qui détestait les réseaux sociaux se prend aujourd’hui à les aimer », tacle l’un de ses adversaires aux municipales, dans Le Parisien.

Cette conversion au numérique a aussi connu quelques ratés. A Auxerre (Yonne), le Facebook Live du maire sortant donnait un peu le mal de mer et le son était à peine audible… « On va y remédier », a promis l’équipe dans les commentaires. A Créteil (Val-de-Marne), le candidat Les Républicains a aussi eu quelques difficultés de connexion depuis son jardin. Il faut dire que l’aventure est souvent inédite pour les candidats. « Habituellement, ces outils sont utilisés pour les campagnes nationales, pas locales », explique Anaïs Theviot.

Une cinquantaine de faux comptes à Sète

Dans certaines communes, la campagne des municipales sur les réseaux sociaux a carrément viré au Far West. Une ville a même acquis une réputation mondiale en la matière à cause de graves dérives sur Facebook. Dans le très officiel rapport mensuel sur les comptes « inauthentiques » de l’entreprise californienne (en anglais), publié en avril, la ville de Sète (Hérault) se retrouve pointée du doigt, juste à côté de fraudes détectées en Egypte, en Russie, au Ghana et au Nigeria.

Et pour cause : Facebook a dû fermer pas moins de 51 comptes, neuf pages et neuf comptes Instagram dans la région. Une décision rare.

« Nous avons beaucoup appris du travail mené dans le monde entier au cours de ces dernières années et avons élaboré une approche globale pour protéger les élections sur Facebook que nous avons appliquée aux élections municipales françaises. »

Un porte-parole de Facebook à franceinfo

Parmi les comptes identifiés et supprimés, on retrouve une page imitant un média local qui postait de fausses informations sur la campagne. Une autre visait plus explicitement le maire sortant de la commune, candidat à sa réélection, et était nommée « François Commeinhes Dégage ».

Mais alors, qui se cache derrière ces faux comptes ? Les concurrents au scrutin se renvoient la balle. « La campagne sur Facebook a été assez odieuse. Ce sont les soi-disant victimes qui sont les oppresseurs », affirme le candidat soutenu par le Rassemblement national, Sébastien Pacull. « Nous avons subi bien plus d’attaques diffamatoires que nos adversaires politiques et cela n’a rien apporté à la campagne », rétorque le responsable de campagne de François Commeinhes, soutenu par Les Républicains, auprès France 3 Occitanie. Et malgré l’intervention de l’entreprise californienne, certaines attaques perdurent à quelques jours du second tour.

Des publicités illégales

Au-delà des campagnes de dénigrement, franceinfo a découvert une autre entorse aux règles de propagande : l’utilisation illégale de publicités sur Facebook. A partir de nos recherches dans la base de données publique du réseau social, nous avons retrouvé au moins une dizaine de candidats au second tour des municipales qui ont diffusé des posts sponsorisés ces derniers mois. Or, cette pratique est strictement interdite. « Ces publicités sont payantes et sont donc prohibées », précise la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP) à franceinfo.

Dans les Hautes-Pyrénées, la page Facebook d’un candidat a ainsi déboursé 388 euros pour promouvoir une publication de campagne en avril. De quoi faire grimper le nombre de vues à près de 150 000. Contacté, le candidat affirme n’avoir jamais sponsorisé de post et assure que son compte a été piraté « plusieurs fois dans la campagne ». Il a depuis fusionné avec une autre liste pour le second tour, en deuxième position.

Des règles méconnues

Ces campagnes publicitaires en ligne sont souvent bien moins onéreuses, en dessous de 100 euros, seuil sous lequel Facebook ne donne pas le détail précis de la facturation. Dans la Marne, un candidat de droite a « boosté » 16 publications de campagne ; en Haute-Garonne, c’est un candidat du Rassemblement national qui a financé la mise en avant de son compte ; en Seine-et-Marne, la page d’un candidat LR a même sponsorisé un message… annonçant la suspension de sa campagne à cause de la crise sanitaire.

La plupart des candidats concernés plaident aujourd’hui la méconnaissance des règles de campagne sur les réseaux sociaux. Dans les Côtes-d’Armor, un candidat de gauche a ainsi dépensé 10 euros pour mettre en avant un post et indique aujourd’hui qu’il « ne savait pas que c’était interdit ». Idem pour un maire sortant du Nord qui nous remercie de l’avoir « alerté sur cette disposition du Code électoral »« Nous sommes dans un petit village et les électeurs intéressés par cette élection sont souvent des personnes qui n’ont pas de compte Facebook », tente de justifier un candidat varois qui assure ne pas être au courant du post sponsorisé que nous lui indiquons sur sa page. Il est vrai que la législation en la matière est parfois méconnue.

« Il y a un amateurisme dans ces campagnes sur Facebook, d’autant plus pour les élections municipales.« 

Anaïs Theviot, chercheuse en sciences politiques à franceinfo

Et la responsabilité des candidats n’est pas seule en cause. « Je veux bien croire que certains ne connaissent pas le règlement, poursuit Anaïs Theviot. Il y a souvent un temps de retard parce que cela est lié à des pratiques de la campagne précédente, par rapport à laquelle une règle va être créée, mais qui ne va pas être appliquée parce qu’elle ne sera pas connue… »

« Tout ça n’aide pas la politique »

Parfois, c’est Facebook lui-même qui pousse à ces mauvaises pratiques. « Au sens strict, nous n’avons d’ailleurs payé aucune publicité », indique un candidat de gauche dans les Alpes-de-Haute-Provence, facture à l’appui. En effet, le post sponsorisé a en réalité été financé par un coupon de réduction de 5 euros offert par le réseau social. Ce dernier laisse ensuite le soin à l’utilisateur de vérifier la légalité de ses publicités…

Face à ces mauvaises pratiques sur Facebook, « il y a des règles mais pas beaucoup de sanctions », admet Anaïs Theviot. Pourtant, ces dérives pourraient bien prendre de l’ampleur avec la multiplication des campagnes en ligne. « Tout ça n’aide pas la politique », se désole François Astorg, candidat à la mairie d’Annecy. Son équipe, très présente sur les réseaux sociaux, a donc décidé de reprendre une campagne avec une méthode bien rodée et pas virtuelle : des apéros en terrasse pour tenter de convaincre les électeurs.

Les résultats des élections municipales à Rennes : Nathalie Appéré en tête devant les écologistes

La maire sortante socialiste arrive en tête du 1er tour des élections municipales, à Rennes, ce dimanche soir 15 mars, avec 32,77 % des voix. Elle devance de 7 points la liste des écologistes menée par Matthieu Theurier (25,37 %). Carole Gandon (LREM) obtient 14,29 % des voix, Charles Compagnon (centre droit) 12,21 %.

Le premier tour des élections municipales 2 020 s’est déroulé ce dimanche 15 mars en Ille-et-Vilaine. À Rennes, la liste « Pour Rennes » menée par la maire sortante socialiste Nathalie Appéré est donnée en tête avec 32,77 % des suffrages exprimés (14 840 votes), devant la liste « Choisir l’écologie pour Rennes » menée par l’écologiste Matthieu Theurier avec 25,37 % (11 487 votes). Le taux d’abstention est de plus de 60 %. Il était de 47,2 % en 2014.

La liste « Révéler Rennes », menée par la candidate La République en marche Carole Gandon, arrive en troisième position avec 14,29 % des suffrages (6 470 votes). Suivie, en quatrième position, par la liste « Libres d’agir pour Rennes » menée par le candidat centre-droit Charles Compagnon, qui obtient 12,21 % des voix (5 528 votes).

En cinquième position, on trouve la liste Rennes en commun, menée par la candidate France insoumise, Enora Le Pape, avec 7,53 % des suffrages (3 413 votes).

Le RN pas au second tour

La liste du Rassemblement national, menée par Emeric Salmon, obtient 4,20 % des voix (1 904 votes), deux fois moins que son score en 2014 (8,37 %, soit 4 949 voix). Le RN et les Insoumis ne se qualifient donc pas pour le 2d tour, aux élections municipales, à Rennes.

Ensuite viennent les listes Rennes Bretagne Europe, menée par Frank Darcel, avec 1,92 % ; Lutte ouvrière avec 1,06 % ; et le parti ouvrier indépendant démocratique (POID) avec 0,62 % (281 votes).

Arrivée en tête au premier tour à Rennes, la candidate PS Nathalie Appéré ne perd que trois points par rapport au premier tour de 2014 : elle avait alors réalisé un score de 35,57 %. Matthieu Theurier avait lui rassemblé 15,09 % (8 323 voix) des suffrages : il gagne 10 points.

Quatre listes en mesure de se maintenir au 2e tour à Rennes

Quatre listes sont donc en mesure de se maintenir pour le 2d tour des élections municipales, à Rennes : celles de Nathalie Appéré, Matthieu Theurier, Carole Gandon et Charles Compagnon. Les Insoumis, qui ont obtenu plus de 5 % ont la possibilité de fusionner avec une autre liste.

Les candidats ont jusqu’à 18 h, mardi 17 mars, pour déposer leur liste. Les discussions pour les fusions ne font que commencer.